Freitag, 24. Mai 2013

2\2


5.Pour le respect de l´identité des  Gitans

 

 

5.1.Critique des  réponses scolaires

                                                           

Le système scolaire a participé à la construction d´une identité nationale et réussi jusqu´à maintenant l´intégration de différentes immigrations

Pour cela il s´est doté d´une organisation rigide, centralisée, qui donne à tous la même chose, sans distinction d´origine. Or l´exemple de la scolarisation des enfants Gitans est manifestement  l´échec  récurrent et vécu comme tel de l´école Française.

Toutes les réponses scolaires peuvent être analysées comme une forme d´exclusion, exclusion des élèves avérée ou structurelle, exclusion ressentie par “mise à l´écart” des principaux fondamentaux de l´école.

-les enfants Gitans sont regroupés dans une école ou dans des classes de perfectionnement “ghettos”

-SEGPA ou des classes faibles (6. de soutien, passerelle, 4 soutien)

 

Le même résultat est observé lorsque les enfants Gitans sont dispersés: faiblesse de leurs acquis scolaires, difficulté du système à individualiser les apprentissages.

Exemple de la classe passerelle

 

A aucun moment n´apparait une nécessité culturelle qui imposerait  un autre type d’accueil  tout en gardant les mêmes objectifs. S´il y a eu nécessité d´un projet expérimental, c´est l´absentéisme qui était au paroxysme qui a obligé les institutions à une telle démarche

 

Des expériences existent déjà: des écoles Gitanes avec une structure autonome, des classes expérimentales, des dispositifs relais. Tous ceux qui ont initié ces projets ressentent les limites du modèle républicain classique

Accepter de créer de nouvelles formes de scolarisation ne veut pas dire lancer des projets expérimentaux dans le but – après une certaine phase d´expérience - de mener ce projet vers le modèle dominant.

Il s´agit d´une adaptation , on est dans la réaction face aux problèmes. L´objectif est le retour à une scolarité normale aussi tôt que possible.

 La marginalité des structures provoque ainsi la marginalisation des enseignants travaillant avec des enfants Gitans “ Ah tu travailles avec des enfants Gitans. Comment tu fais?”

 

Il est nécessaire d´inverser le discours: Ces expériences pourraient  être perçues comme une bonne opportunité « chance » d´inventer d´autres formes de scolarisation qui partent des élèves tels qu´ils sont.

Car Il faudrait créer une façon d´utiliser des cultures différentes pour aller vers des objectifs communs, universels :L´école suppose la possession d´une culture scolaire qui n´existe pas chez tous les enfants. Elle doit se construire en partant de la culture de l´élève, et cela ne vaut pas seulement pour les enfants Gitans.

 

 

Les Gitans se sont sédentarisés en perdant leurs moyens de subsistance, leurs travaux qui les menaient vers le voyage. La famille suffisait pour traduire les connaissances de base pour accomplir les travaux traditionnels. Ils apprenaient un peu à lire et à écrire.

Aujourd´hui cette socialisation ne suffit plus . La paupérisation des familles Gitanes est étroitement liée à leur manque de scolarisation et de qualifications pour le marché du travail.

Trop longtemps aussi les Gitans ont fait l´objet d´une politique clientéliste “les votes - les élections. Aujourd´hui ils vivent essentiellement de la CAF.

Dès que les parents ont du travail  le climat familial et la position vis à vis de l´école change. De plus en plus les familles Gitanes reconnaissent la nécessité d´une scolarisation avec l´apprentissage d´un métier.

 

L´école Française n´a pas anticipé les questions liées à la scolarisation d´enfants Gitans sédentarisés et destabilisés socialement et économiquement parlant. Les projets scolaires restent pour la plupart dans la réaction. C´est là leur grande faiblesse.

Le pire serait aujourd´hui de continuer à réagir en affectant des moyens spécifiques pour traiter un problème spécifique.

 

5.2.Pour la valorisation de la culture gitane

 

Une cohabitation linguistique[1] ou plurilinguisme: le Catalan, le Français, l´Espagnol pour le chant, ces trois langues sont parlées dans des situations bien  particulières:

-Le Catalan Gitan[2] en tant que langue grégaire mais aussi véhiculaire lorsqu´on voyage en Catalogne du sud et du nord. Cette langue est parlée entre Gitans dans le quartier , elle est la langue primaire des enfants.

Le Français en tant que langue véhiculaire est enseignée à l´école, les enfants Gitans parlant dans la cour de récréation, le Catalan Gitan et pendant les cours le Catalan Gitan et le Français pour communiquer avec les non-Gitans, c´est à dire les enseignants.

Le  Français est la langue d´enseignement, néanmoins les enseignants font recours au Catalan Gitan en demandant aux enfants de traduire: ”comment on dit en Gitan le mot.....”. Mais Les enseignements sont dispensés en Français. Ceci ne veut pas dire que les enseignants ne parlent pas ou ne comprennent pas le Catalan, mais ils ne sont pas habilités à enseigner en Catalan.

Le  Français est la langue de l´environnement, de la sociéte, si on veut entrer en interaction il faut dominer/maîtriser la langue véhiculaire. Le rapport linguistique peut s´exprimer en rapport de domination, le Français dominant le Catalan Gitan. Il est la langue de la citoyenneté Française.

Les enfants de Saint-Jacques vivent dans une situation de bilinguisme. Le Catalan Gitan étant la langue primaire et le Français la langue secondaire. La langue Française ne peut pas être considérée comme une langue étrangère étant donné que le monde Gitan est « encerclé » par  la culture Française.

Les générations 35-40 ans maîtrisent parfaitement le Français oral et écrit, mais il y a  apparemment une cassure, une rupture :les générations d´aujourd´hui ont des difficultés d´assimilation.

 

5.2. 1Une culture en miettes

La culture Gitane est une culture émiettée , se poser la question de la survie de cette culture signifie définir l´identité Gitane.

Qu´est que c´est un Gitan aujourd´hui ?

Il y aussi d´autres termes pour désigner les gens du voyage.

Les Gitans: le terme vient de egyptanos - égytiens venus de la Grèce ayant vécu en Orient, leur provenance est l´Inde. Le terme de Rom=l´homme est aussi ou Manouche, les Gitans de Perpignan sont restés des Gitans (les descendants de ces voyageurs qui se sont occupés de chevaux) et qui  depuis la fin du 19. début 20 siècle sont sédentarisés[3]. Ils occupent le quartier Saint-Jacques, certains habitent au bas ou haut Vernet. Depuis les Anciens parlent d´avant:

La vie, le voyage

La solidarité, l´entraide

Le travail: commerçant, vanier, forgeron ou maréchal-ferrant

 

Aujourd´hui le voyage c´est rendre visite à des amis Gitans de Barcelone ; ils ne quittent guère ou ne s´aventurent guère en dehors du quartier Saint-Jacques. Avant, c´est la nostalgie !

La musique, les fêtes, la religion et la langue le Gitano sont des éléments encore existants.

Etre gitan, c´est marquer sa différence, sa particularité.  Saint-Jacques reste dans l´imagination des gens de l´extérieur comme lieu de perdition, de la drogue et de la violence, un quartier « chaud. »

 

Le Catalan Gitan est la langue interne quotidienne de la plupart des Gitans de Perpignan. Il est parlé dans la famille, dans la communauté Gitane. Il fait partie intégrale de l´identité Gitane.

Etre Gitan entre autre ici c´est parler  Gitano, c´est à dire Catalan, c´est un Catalan “grégaire”[4] qui permet une compréhension  aisée avec tous ceux qui parlent le Catalan roussillonais.

La langue sert à communiquer mais de par son caractère dialectal elle permet aussi de différencier et de distinguer les divers groupes Gitans.

Les anciens Gitans parlent encore le véritable Gitano : Kaló est une langue refuge – résiduelle - qui permet de renverser le rapport dans la communication en prenant la dominance. Le kaló permet aux Gitans de communiquer entre eux , de se comprendre sans que l´autre , l´étranger, comprenne. Une sorte de code secret utilisé dans des situations qui exigent qu´autrui, l´autre, l´étranger ne comprenne pas (intimité, sécurité,secret). Il est utilisé dans des situations qui ne permettent pas l´ingérence du “payo” = le non-Gitan .

Ceci fait partie  de l´identité Gitane, avoir une différence avec le payo ou le gadjé .[5]

Le kaló permet aux Gitans de renverser la situation communicative, il domine par sa différence. Par retour des choses, la pire des humiliations en situation de communication est la perte du contrôle de domination, il est compris mais lui ne comprend pas.

Le véritable Gitano est une langue hybride, un mélange de la langue ibérique ,du Romani et du Catalan.

 

On tue un peuple, une culture en interdisant sa langue et sa culture! Ce phénomène n´a pas épargné la langue des Gitans.

Dans l´histoire des Gitans il y a eu „un génocide linguistique“ [6] leur langue a été interdite en Espagne au 16ème siècle, en Navarre en 1573 ils devaient abandonner leur langue pour ne pas être expulsés , le Gitano disparu au début du 20ème siècle, les Gitans se sont appropriés la langue locale (régionale) , le Catalan, car il n´était pas parlé par les non- Gitans de la ville de Perpignan. (substitution linguistique). Parler kaló est une marque identitaire.

Les Gitans chantent en Espagnol (chant / musique), seul dans le secteur de l´Avenue de l´aérodrome au Vernet on parle encore Espagnol.

Le Français est  langue véhiculaire ; c’est  la langue de l´intégration sociale, c´est la langue extérieure indispensable pour entretenir des relations avec les autres communautés non –Gitanes. Il est devenu indispensable lorsque les Gitans exercent une activité commerciale.

Par l´intermédiaire de l´Eglise évangélique, le Français a pris une place incontournable., mais on parle dans ce contexte aussi de glottophagie, car le Français ne laisse pas de place aux langues régionales.

Il est prépondérant dans l´enseignement, ce qui fait que les langues nationales régionales ont été englouties, leur usage était devenu désuet, mais la situation change depuis que ces langues ont repris leur droit et sont enseignées dans des écoles Françaises bilingues pour le Breton, les écoles DIWAN et pour la Catalogne ce sont les Bressola. Le Catalan Gitan n´a pas eu pour l´instant ce privilège d´être enseigné faute d´enseignants Gitans!

Les langues régionales sont maintenant depuis janvier 2009 dans la Constitution.

 

5.3.Penser l´interculturel - Réflexions concernant la place de la culture Gitane à l´école

 

La culture Gitane à l´école: les Gitans sont une minorité culturelle ; la langue Gitane est protégée par la Constitution. Sa présence dans le cadre scolaire fait partie de la lutte contre les préjugés, elle a un effet de valorisation et d´habilitation aux yeux des enfants non-Gitans.

Le conseil de l´Europe a dégagé les critères importants pour l´intégration de la culture Gitane à l´école:

-          Il faut que les enfants Gitans soient instruits avec d´autres enfants

-          Les parents seraient heureux si leurs enfants découvrent et apprennent leur culture et leur en parlent.

-          Reconnaissance des souhaits des parents: reconnaissance, compréhension, respect

 

Une certaine souplesse dans les structures et le fonctionnement  serait nécessaire:

Ainsi elle permettrait de sortir d´une part d´une pédagogie de l´assimilation”dans laquelle tous les enfants doivent apprendre la même chose en suivant les programmes élaborés par une majorité politiquement dominante.[7]  et d´autre part de sortir  d´une pédagogie du bricolage en juxtaposant des activités des cultures d´origine des enfants en dehors des cours et qui surcharge les enfants et les mène à l´échec.

Les communautés Roms ont un besoin urgent d´être recréditées des éléments culturels et du respect qui leur ont été refusés pendant des siècles [8]

- matériel pédagogique directement fondé sur la culture et l´histoire des enfants Gitans

- livre d´apprentissage de lecture dans la langue des enfants

- standardisation de la langue écrite

Pour une pédagogie interculturelle prenant appui sur les dynamismes et les centres d´intérêt des enfants: l´école s´ouvre à l´acceptance (la Constitution les reconnaît comme minorité nationale)

-emploi d´un personnel assistant Rom pour enseigner dans la langue

En général la présence d´enseignants, de moniteurs, médiateurs Gitans/Roms à l´école améliore considérablement la scolarisation, les programmmes européens en font une priorité!

 

 

Il faut se demander s´il y a interculturalité quand il s´agit de la domination d´une seule culture  scolaire française.

Ainsi Liégeois “ Une règle de la grammaire politique, qui n´a rien de théorique ni d´irrégulier est que le pluriel se conjugue au singulier”[9]

L´ecole doit donner à l´enfant la possibilité  de valoriser sa culture et non de le faire à leur place.

L´éducation scolaire est un moyen pour parvenir à des objectifs, elle n´a pas de finalité en soi.

Elle est conçue pour compléter l´éducation familiale et non pour la contredire. Elle n´est ni en parallèle (juxtaposition de connaissances) ni en contradiction (rejet de la famille, déculturation de l´enfant école: lieu de conflit).

 

C´est un état d´esprit qui doit changer: passer de la catégorisation ethnocentrique au pluralisme pédagogique!

L´interculturel est tout autant un projet de société qu´un projet pédagogique.:

Le dilemne entre le pédagogiquement général et le culturellement particulier est un faux dilemne en regard d´une pédagogie interculturelle.

 

Un regard se dirigeant vers l' Allemagne permet de reconnaître l´importance d´une pédagogie interculturelle.

 

 

6.Compte-rendu des visites effectuées à Hambourg et Francfort/Main

 

 

La scolarisation des enfants Roms et Sintes en République Fédérale Allemande – Des  exemples d´approche interculturelle

 

 

 

6.1.Hambourg:Ville  de la Hanse

 

Hambourg est une ville libérale ouverte vers le monde.

Hambourg est une ville hanséatique avec un port Freie und Hansestadt Hamburg: FHH, une des plus grandes métropoles d´Allemagne mais aussi une des plus riches, avec les activités portuaires  et les maisons de presse, médias (Gruner und Jahr et Springer) qui se sont installés dans le quartier du port , traditionnellement c´est le quartier des armateurs.Beaucoup de firmes comme REEMSTMA, cigarettes ou encore OTTO-Versand, vente par correspondance, sont très engagées dans le domaine social. Philipp Reemstma a crée l´Institut für Sozialforschung, un institut qui s´occupe des documents et des archives concernant l´histoire Allemande à l´époque nazie et l´autre firme est engagée dans les institutions concernant les enfants ayant un handicap.

 

Hambourg, ville de deux millions et demie d’habitants, est la Venise du Nord, elle a plus de ponts que la ville italienne.

Hambourg a une particularité c´est une ville universitaire, mais surtout un STADT-STAAT une ville-état responsable de son propre système scolaire.

Dans le quartier près du port Sankt-Pauli la statue immense de Bismarck marque l´impérialisme  Allemand du 19ème siècle: Hambourg, das Tor zur Welt  Hambourg porte ouverte vers le monde.

Dans ses quartiers populaires autour du port Karolinenviertel, Schanzenviertel, Sankt-Pauli, il y a de nombreuses familles Roms et Sintes qui envoient leurs enfants dans les écoles environnantes: Ganztagsschule Sankt-Pauli surplombant le port, non loin du marché aux poissons Carsten-Rehder-Schule et enfin deux écoles un peu plus éloignées du port: Schule Ludwigstraße und Laeizstraße

De nos jours il y a une bonne mixité sociale, des journalistes, enseignants, professeurs ou des jeunes créateurs d´entreprises dans le domaine de la publicité se sont installés dans ces quartiers qui ont l´avantage d´être en plein centre-ville, près de l´université et non loin de l´Alster et l´Elbe.

Avant, le quartier Sankt-Pauli avait hébergé beaucoup de Portugais et d’Espagnols qui ont travaillé au port ; à ces populations se sont ajoutées les familles turques dans les années 60-70, mais depuis toujours il y avait aussi des familles Roms et Sintes.

Bien sûr qu´aujourd´hui le quartier est touché par la précarité, le problème de drogues et les nuisances  qui vont  de pair avec la prostitution.

 

6.2. Les Roma et Sintes à Hambourg: Garder la mémoire

                                

 

Mon arrivée à Hambourg (30.3.-14.4.2009) coïncida avec les commémorations des déportations 1940-1945 des Juifs et des Roms et Sintes de Hambourg vers les camps de concentration  Pour la première fois la déportation des Roms et Sintes est évoquée au même  titre que la déportation de la population Juive de Hambourg qui habitait principalement dans le quartier Grindel non loin des différents bâtiments universitaires et de la gare Dammtor d´où sont partis de nombreux trains vers les camps de la mort.

 

 

Une exposition très intéressante dans la Kunsthaus (Musée d´art) “in den Tod geschickt” du 17 février au 26 avril 2009 sur le thème de la déportation des Juifs et des Roma et Sintes de Hambourg 1940-1945 évoque la déportation:

20 transports de déportation, dans les années 1940-1945, marquent le souvenir que l´on garde de la gare Hannoversche Bahnhof à Hambourg (située dans le port , non loin de la gare centrale)

7692 Juifs, Roms et Sintes ont  ainsi  été déportés de Hambourg et d´Allemagne du Nord dans les ghettos et camps de concentration de l´Europe centrale et de l´Est , pour la plupart d´entre eux, la déportation vers la mort.

 

La gare ”hannoversche Bahnhof” avec son passé de 137 ans en tant que gare de voyageurs , gare pour l´émigration mais aussi de marchandises, symbolise dans la hafen-city , nouveau quartier commercial/portuaire de Hambourg, le lieu de la normalité comme celui de la barbarie plus  que n´importe quel autre lieu de Hambourg ( la gare Dammtor jusqu´à maintenant avait été reconnue comme gare de départ des déportations; elle se trouve dans le quartier „Juif“ Grindel)

 

De nombreux employés de l´administration, des institutions et des entreprises privées ont participé à un déroulement sans grandes difficultés des déportations.

Le “ peuple Allemand” a fermé les yeux.

 

Hambourg veut conserver la mémoire, le souvenir des déportations d' une époque barbare de l´histoire Allemande et éviter qu´une telle chose se reproduise dans l´avenir.

Les nombreux documents: photos, documents inédits jusqu´à aujourd´hui montrent l' atrocité des déportations

 

On honore pour la première fois au même titre la déportation des familles Juives Hambourgeoises et  la déportation des Roms et Sintes.[10]

Dans le cadre de ces commémorations a eu lieu le lundi 6 avril à l´école Talmud Tora Schule  (école de la communauté juive à Hambourg) le témoignage des deux sœurs Weiss., victimes de cette déportation L´école Talmud Tora, comme toute institution Juive en Allemagne, est placée sous forte surveillance ; elle est l´endroit ce soir où une famille qui a subi les souffrances de la déportation vient témoigner de la terreur nazie.

 

 

La famille Weiss évoque la déportation des Roms et Sintes. Eux-mêmes sont des Roms.

Dans le passé de la commération[11] c’était la déportation  juive qui était le plus souvent évoquée, grâce à l'engagement de l´association “Roma und Cinti Union” de l´Allemagne du Nord, on peut maintenant aussi  des déportés de la communauté tsigane.

“Tante Muri” et “Tante Rosa Weiss” ont été déportées à Belzec. Deux soeurs qui ont habité dans le quartier de Hambourg-Altona.A l´âge de 5 ans elles ont été embarquées pour être déportées vers les camps de Belzec ; elles en sont sorties à l´âge de 10 ans, l´âge de l´école primaire. C´est la raison pour laquelle elles n´ont jamais appris à lire et à écrire; elles évoquent l´humiliation qu´elles éprouvaient lorsqu´elles devaient faire trois croix en guise de signature.

Une stèle pour toutes les victimes du nazisme, c´est le but de l´union des Roms et Sintes à Hambourg, le fils de Madame Angelika Weiss en est le secrétaire général, Karl-Heinz Weiss, tandis que Mathäus Weiss est le président de l´organisation Roms et Sintes dans le Land Schleswig-Holstein , dans la ville de Kiel, là il lutte pour la reconnaissance de la minorité par la constitution du Land Schleswig-Holstein. Pour l´instant le Land refuse “sie sind nicht landestypisch”= la minorité n´est pas typique pour le pays (le Land).

 

„Die deutschen Sinti und Roma sind neben den Friesen,den Dänen und den Sorben als vierte nationale Minderheit seit 1998 anerkannt.(…) Herr Weiss meint wahrscheinlich,dass die deutschen Sinti und Roma nicht wie Dänen und Friesen in der Verfassung des Landes auftauchen.auch die sorben stehen im deutschen Osten (Sachsen/Brandenburg) besser da als die Sinti und Roma.(…) Allein das Land Rheinland-Pfalz hat einen Vertrag mit dem Verband deutscher Sinti und Roma unterschrieben“[12]

 

Madame Angelika Weiss est née à Hambourg/Altona; elle fut déportée à Belžec à l´âge de 5 ans. Elle a aujourd´hui plus de 105 petits et arrière-petit-enfants. Sa mère est morte dans le camp de Belžec, 4 frères sont morts en Allemagne, plus de 100 personnes de la famille ne sont pas revenues des camps. A l´âge de 10 ans, avec sa soeur Rosa elles ont fait le chemin de retour vers Hambourg à pied  quelques fois des camions militaires se sont arrêtés pour les emmener un petit bout de chemin.

L´ordre pour la déportation fut donné lorsqu’elle devait être scolarisée pour la première fois, elle n´a jamais appris à lire et à écrire. La SS est venue les chercher pour la déportation.

Pour l´internement dans le camp, elles n´ont eu aucune compensation. Elles ont assisté à des scènes brutales, aucune compensation ne pourrait compenser ce qu´elles ont vécu dans le camp.

 

“L´armée russe les a délivrées, mais la guerre n´était pas finie.”

« Pas de haine , non pas de haine! » Elle n´éprouve pas de ressentiment ni de haine.

Il a fallu des années  pour  parler  de ces atrocités parce que c’était dur et douloureux., après la guerre on n´a pas voulu d´eux non plus, on les chassait.

« Ne pas pouvoir remplir les papiers, faire des croix pour la signature, c´est une souffrance de ne pas savoir lire et écrire.Il faut que les prochaines générations apprennent la langue Romani et la culture Tsigane. » Si eux ne font pas ce travail de sauvegarder la mémoire, personne d´autre ne le fera.

« C´est triste aujourd´hui que les jeunes générations n´aient pas de travail, pas de formation professionnelle ,alors ils sont en prison et deviennent des criminels! Il faut que l´école s´ouvre pour les enfants Roms et Sintes «  

Beaucoup de familles Roms et Sintes ne sont que “tolérées” , elles ne peuvent pas rester en Allemagne .

 

 

 

6.3. Des parents politisés et conscients de leur situation précaire[13]

 

L´association des Roms et Sintes de l´Allemagne du Nord, ensemble avec l´université de Hambourg, a pris l´initiative de tourner un film sur la situation scolaire de leurs enfants.

Conscients du fait qu´il faut faire aimer l´école aux enfants afin qu´ils n´échouent plus,ils veulent faire connaître l´école à leurs enfants mais d´un bien meilleur côté.

Leur vie a changé et la relation à l´école aussi. Il est nécessaire de savoir lire, écrire et compter.

Ils savent que leurs enfants doivent apprendre pour survivre: ”Avant on disait, ils n´ont pas besoin de devenir avocat, mais aujourd´hui pour survivre il faut apprendre”[14]

La préscolarisation est nécessaire, c´est un âge où les Roms n´aiment pas confier la garde de leurs enfants à des Gadge, les enfants de 3-6 ans apprennent à se servir des ciseaux, de la colle, du papier.

Dans une école primaire , par exemple 3 mères ont pris l´initiative d´être présentes à l´école de réconforter et d´assurer leurs enfants car beaucoup d´enfants Roms ou Sintes ne voulaient plus venir à l´école , ils avaient beaucoup de conflits avec d´autres enfants.

Après deux années de présence elles ont obtenu une salle pour elles. Les mères parlent aux enfants. Là ils peuvent se reposer, jouer, manger, c´est un peu comme s´ils étaient chez eux, dans leur maison.

Néanmoins beaucoup de parents craignent pour leurs enfants, alors la présence d´aide-pédagogiques et enseignants Roms et Sintes dans les écoles de Hambourg aident à les convaincre les parents, même s´ils sont encore une petite minorité sur le terrain.

 

Le principe de l´interculturalité est appliqué:

 

Utiliser les différentes culturelles pour donner à chacun la possibilité d´apprendre, de se former et de trouver sa place dans la société.

Ainsi  tous les enfants d´une même classe apprennent que chacun a des traditions différentes.

Les Roms fêtent la Saint-Georges. Les mères préparent le pain de la Saint-Georges en forme de roue, ils partagent le pain et les enfants apprennent que Saint-Georges fut le Saint qui mena les Roms de l´Inde.

Avant les enfants Roms quittaient l´école primaire pour aller dans une école spécialisée “Förderschule” une forme d´école pour enfants en grandes difficultés scolaires, aujourd´hui ils acceptent de moins en moins cette orientation, ils préférent aller dans un collège ou une école qui les prépare à passer le brevet ou avoir un certificat d´études.

Bien sûr comme tous les Gitans, les parents Roms ont peur pour leurs filles quand elles arrivent en puberté, mais la présence de  médiateurs et de Relais-parents d´origine Rom les rassurent.

Depuis des années (1991) il y a des cours de Romanes avec des enseignants Roms. Mais à la maison les enfants aiment parler l´Allemand parce qu´ils en ont envie. Les enseignants Roms font tout pour leur faire aimer la langue Romani. L´enseignant fait de la musique , il joue de l´accordéon et il leur joue de la musique tsigane.

Les premières années scolaires sont importantes pour bien apprendre à lire, écrire et compter. Les enfants ne peuvent pas bien apprendre s´ils ne comprennent pas la langue des enseignants.

Pendant les cours il y a quelques fois jusqu´à trois personnes qui expliquent dans leur langue primaire le contenu des cours , par exemple: en Allemand, en Romani et en Gotique.

Chaque jour à l´école primaire ils ont une heure de cours dans leur langue d´origine, pour les enfants Roms et Sintes bien sûr en Romani. Les enseignants leur transmettent l´histoire et la culture des Roms.

“Lasse uns die Schule gemeinsam gestalten, damit unsere Kinder auf einem sicheren Weg in die Zukunft gehen können.” (Traduction: Laissez-nous construire l´école ensemble pour que nos enfants puissent aller en sécurité (sûrement) sur le chemin de l´avenir) telle est la parole lancée par les organisations des parents d´élèves Roms et Sintes.

 

 la Constitution ( Grundgesetz.)prescrit un devoir vis-à vis des Roms et des sintes qui résulte de la responsabilite historique de l' Allemagne pour le samuripen

 

La scolarisation des enfants Roms et Sintes – le modèle hambourgeois.[15]

Approximativement 37 000 Roms et Sintes vivent à Hambourg dans une grande précarité au ban de la société. Touchés par la discrimination et une insécurité matérielle, ils sont “marginalisés”.

C´est dans ce contexte historico-social précis que se fait le contact école-familles tsiganes.

Il faut voir dans ce même contexte les problèmes qui se posent dans les écoles: absentéisme, scolarisation retardée tardive, prolongation des vacances scolaires et décrochage scolaire de beaucoup d´enfants Roms et Sintes.[16]

Jusqu´à ce jour le manque de confiance en l´institution scolaire et la non-délégation de l´éducation entre les mains des personnes non-Roms ou non-Sintes représente un défi pour les nombreuses  familles tsiganes.

La scolarisation signifie l´adaptation à un rythme de vie étranger et un changement radical des structures familles qui s´étaient développées historiquement. Des structures qui dans le passé détenaient une valeur - refuge, un système de protection et promesse d´un avenir en sécurité.

Gagner la confiance des parents, développer d´autres structures scolaires d´accueil pour les enfants tsiganes, changer l´offre scolaire et le développement d´une relation amicale, dans le respect mutuel n´ont pu être développés que dans le cadre d´un travail concret entre école et famille.

La coopération et la participation des parents Roms et Sintes dans le travail scolaire à Hambourg furent un chemin constructif dans la  co-construction (participation) pour améliorer  la condition de scolarisation des enfants tsiganes.

 

 

6.4.Le modèle “Hambourgeois

 

L´Allemagne a un système scolaire décentralisé, chaque Land est responsable de sa politique scolaire. Hambourg en tant que Land a développé un programme exemplaire pour la scolarisation des enfants Roms et Sintes.

C´est un exemple d´éducation transculturelle qui reconnait à chacun le droit  d´accéder à l’universel à travers sa propre culture.[17]

 

Début 1993 le premier enseignant Rom fut engagé en tant que travailleur social tout d´abord à l´école Laeiszstraße, située dans le quartier Karolinenviertel non loin du quartier du port Sankt-Pauli.

Octobre 1993 fut créé par la sénatrice, Madame Rosemarie Raab (socialiste) dans l´institut pour la formation des enseignants (IFL : Institut für Lehrerfortbildung aujourd´hui LI : Landesinstitut für Lehrerbildung und Schulentwicklung)) un poste de coordination pour l´éducation des enfants Roms et Sintes.

 

La première pierre fut posée à Hambourg pour une nouvelle forme de coopération avec les parents d´enfants Roms et Sintes.

Ainsi jusqu´à ce jour il y a 9 enseignants et travailleurs sociaux d´origine tsigane qui travaillent dans l´enseignement . (7 sur poste fixe et 2 intervenants).

 

Leur travail consiste à établir le lien avec les parents, à donner des cours dans la langue primaire (Romanes ou Romani), assister les enseignants pendant les cours. Ils assurent aussi la liaison avec les diverses institutions du quartier. Les familles tsiganes habitant dans le quartier voient en eux un locuteur .

 

L´enseignement de la langue primaire (Romanes/Romani) , l´accueil et la coopération avec les familles se faisant en Romani, ainsi tout est fait pour faciliter le passage de l´école primaire (Grundschule) vers d´autres formes d´enseignement ,comme par exemple la Realschule, la Gesamtschule ou la Hauptschule ou Förderschule. Dans le passé ce passage se faisait uniquement vers une école spécialisée (Förderschule) pour enfants en grandes difficultés scolaires, par ce système on a réussi à interrompre ce cercle “vicieux”.

 

En plus des enseignants et travailleurs sociaux Roms et Sintes il y a d´autres intervenants à contrat limité qui s´engagent et travaillent avec des petits groupes d´enfants ou avec un enfant.

Leur  travail consiste à surveiller les devoirs , l´alphabétisation des enfants et aussi l´apprentissage de l´Allemand en tant que langue secondaire et l´accompagnement des parents.

Ils soutiennent et assistent les parents lors de la scolarisation de l´enfant ou dans la recherche d´une nouvelle école pour leur enfant.

Grâce à la présence d´ une personne  qui assiste et aide dans des  cas problèmatiques,  le nombre de décrochage, d´absence et des retards dans la scolarité a pu être réduit. Ce travail est financé sur demande par la Schulbehörde (Education et inspection académique))

 

 

Buts pédagogiques du modèle “Hambourgeois”

 

L´amélioration de la situation scolaire, atteindre une meilleure scolarité pour augmenter les chances des enfants Roms et Sintes dans la formation professionnelle, tel est le but pédagogique du travail  avec les familles :

 

-Elargir l´offre scolaire pour favoriser et faciliter la scolarisation des enfants Roms et Sintes.

-Proposer des contenus pédagogiques de la perspective des Roms et Sintes qui sont des contenus   culturels importants.

-Renforcement de l´enseignement de la langue primaire Romani

- Des cours avec deux personnes (doublement des effectifs) pour aider et pousser les enfants Roms et Sintes.

-Soutien scolaire  si possible en Romani

-Conseil et aide aux parents et enseignants

-Médiation en cas de conflits

-Traduction du matériel scolaire en Romani (livres/fiches de travail)

-Orientation professionnelle

 

En intégrant un personnel Rom et Sintes on croise les regards et on atteint une perspective multiple.

L´école n´est plus déterminée seulement par les non-Roms (Gadge), au lieu d´être lieu d´aliénation, l´institution scolaire devient le lieu de protection de leur culture . Elle n´est plus une institution purement “Gadge” 

L´Institut pour la formation des enseignants organise des sessions de coordination. Les enseignants Roms et Non- Roms  réfléchissent ensemble à leurs pratiques et développent des contenus pédagogiques aptes , les enseignants préparent leur travail en coopération  avec les chefs d´établissements, les enseignants de l´établissement , les parents et  les élèves

.

6.5Visite de certaines écoles à Hambourg:

 

 6.5.1.Gebundene Ganztagsschule Sankt-Pauli

 

Die Ganztagsschule Sankt-Pauli comme le nom l´indique est  située dans le quartier du port appelé Sankt-Pauli, non loin de l´église portant le même nom, une école qui a un fonctionnement et un programme scolaire étalé sur toute la journée depuis 1994. Les écoles Gesamtschulen , par opposition aux Gymnasien, accueille tous les publics , tandis le Gymnasium est réservé à´“ l´élite“, aux enfants ayant des facultés à passer un baccalauréat ou à faire des études plus tard à l´université.

 

 

C´est une école ouverte à tous les enfants, quels que soient leurs origines, leurs facultés intellectuelles et leurs âges. Elle accueille des enfants de tous les continents dans le respect mutuel et la responsabilité pour la communauté scolaire. Sa particularité: elle socialise les enfants dès la maternelle – jardin d´enfants -  jusqu´à la fin du collège unique. A cette école  on y enseigne les langues des origines des enfants notamment la langue turque et le Romani. Les enseignants sont aussi parents-relais[18].

Dès l´école maternelle et aussi au jardin d´enfants, l´apprentissage de la langue de la scolarisation mais aussi de la langue d´origine et la lecture sont  importants.En CP on propose aussi comme dans tous les écoles primaires l´anglais en « immersion »

 

L´éducation culturelle a une place prépondérante: la musique, la danse, le théâtre, l´art. Chaque enfant apprend un instrument de musique très tôt (percussion, violon, keyboard) dans la matinée avec un musicien professionnel.

Tout ceci pour donner aux enfants confiance en eux.

La maternelle prépare les enfants à l´école et aux apprentissages scolaires.

Une fois par semaine il y a un conseil de classe, mais bien sûr il y aussi les devoirs pour la communauté comme par exemple: nettoyer la cour, débarasser les tables à la cantine  et surtout il y a beaucoup de reconnaissance sous la forme d´une “reconnaissance verbale”, une appréciation positive.

 

 

 

 

 

 

 

Un enseignant Stefan  G. (musique et Romani)

 

 

J´ai été reçu spontanément par l´enseignant.

 

Stefan a étudié en Pologne la musique, il travaille depuis 15 ans à Hambourg. Après beaucoup d´entretiens les parents sont venus, les enfants sont bien intégrés.

Effectivement l´école est ouverte non seulement pour tous les enfants du jardin d´enfants jusqu´à l´enseignement secondaire, mais aussi pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette école.

Ici chaque enfant joue d´un instrument de musique, la tolérance et la paix “vivre ensemble” et le leitmotiv de l´école “multiculturelle” des enfants de l´Amérique latine, d´Afrique, des anciens pays de l´Est Roms et Sintes.

Les enfants Roms et Sintes (entre 11 et 12 ans: Stole, Denis, Maja, Lina) ont 3 heures d´enseignement de la langue primaire dans des petits groupes et sont intégrés dans une classe normale (Klassenverband-Klassengemeinschaft). Pendant qu´ils apprennent en matinée le Romani , les autres enfants de la classe font autre chose.

L´enseignant, Stefan comme l´appelle les enfants, vient de Pologne où il a étudié la musique puis il s´est formé pour l´enseignement de la langue Romani – un dialecte parmi une multitude de dialectes Romani- un enseignant sympathique qui joue de l´accordéon et fait de la musique avec les enfants. “2 heures c´est long, alors il faut jouer de l´accordéon entre temps” remarque-t-il à mon adresse en souriant.

Stefan sort son accordéon et joue  “sur les ponts de Paris” et une chanson serbe pour les enfants.

Il a composé /écrit une chanson sur l´école Sankt-Pauli qu´il chante avec ses 4 élèves:

 

Die Ganztagsschule Sankt-Pauli ist die schönste in Hamburg:

Wir haben Spass zusammen

Wir lernen Englisch, Französisch und Romanes

Wir sind gut in Deutsch  und in Mathe.

 

Traduction:

L´école Sankt-Pauli est la plus belle à Hambourg

On s´amuse beaucoup

On apprend l´Anglais, le Français et le Romani.

Nous sommes bons en Allemand et en math

 

 

 

 

6.5.2Förderschule Carsten-Rehder-Straße

 

Non loin de l´école Sankt-pauli il y a aussi cette école avec une vue magnifique sur le port, l´Elbe, elle se trouve au  Fischmarkt , marché aux poissons qui attire le dimanche dès quatre heures du matin de nombreux touristes qui ont passé la nuit dans les cafés, ou dans les  bars de la rue la plus réputée de Hambourg, la Reeperbahn.

 

Carsten-Rehder-Straße porte le nom de la rue dans laquelle l´école se trouve. Comme son nom l´indique c´est une “Förderschule”.Elle accueille 200 enfants en grandes difficultés scolaires qui ont été testés en seconde année de primaire, dont 40% sont des enfants Roms et Sintes. Cette école pourrait correspondre  éventuellement au CLIS[19] en France.

L´école a pour but de donner une orientation, un savoir et de soutenir  chaque enfant d´après ses facultés, ce n´est pas une école spécialisée pour des enfants avec un handicap, mais des enfants qui ont des difficultés dans les apprentissages traditionnels.

Le but est d´entraîner un comportement qui permettra aux enfants de s´intégrer dans la société et de se retrouver dans le monde des adultes.

Les meilleurs élèves d´entre eux, en coopération avec les autres écoles avoisinantes, ont la possibilité de passer le certificat d´études.

Le training de la médiation en cas de conflit permet de renforcer la confiance des enfants. Les classes de cette école ont moins d´élèves que dans les Grundschulen (école primaire) les enseignants sont spécialisés pour des enfants en difficulté scolaire. Après le CM2 les enfants apprennent à faire de la voile.

La directrice souligne bien * dans notre entretien qu´elle a des enseignants spécialisés, formés pour aider  les enfants en grandes difficultés scolaires, c´est la  plus vieille Förderschule (Ecole spécialisée) à Hambourg.

Elle pense que les Roms et Sintes ont une mentalité et une manière de pensée totalement différentes des Allemands ou autres Européens, les enfants Roms et Sintes ont des cours dans la langue primaire Romani avec un enseignant venant de l´ancienne Yougoslavie[20],  il y a beaucoup de dialectes Romani différents.

Je n´ai pas pu rencontrer l´enseignant Rom venant de l´ancienne  Yougoslavie qui donne des cours de Romani aux enfants.

 

*Une mère Roms rencontrée à KAROLA[21] n´aimerait pas mettre son enfant dans une école “ghetto” où il y a beaucoup d´enfants turcs. ”Les enfants n´apprennent rien! “ dit-elle parce qu´ils ne veulent pas apprendre non plus, ajoute-t-elle. C´est peut-être la crainte d´un chef d´établissement que son établissement ait une mauvaise “image” . Nous verrons dans l´exemple suivant pourquoi le “bouche à oreille” la “fama” joue un rôle important dans la politique scolaire et surtout lors des inscriptions en février où chaque chef d´établissement doit atteindre un chiffre assez fort d´inscription   pour un bon financement de l´école et du travail pédagogique.

 

6.5.3.Schule Ludwigstr. En coop. Avec Laeiszstr. (dépendance/annexe)

 

L´école laeiszschule qui avait fait de la publicité avec la scolarisation des enfants Roms et Sintes est devenue une dépendance d´une autre école primaire Ludwigschule qui avait une meilleure renommée auprès des parents.Les parents Allemands avaient peu à peu détourné la “carte scolaire “pour ne pas mettre leurs enfants avec des enfants tsiganes.

La directrice dit n´avoir que quelques enfants d´origine Rom qui n´ont pas de cours dans leur langue primaire. Elle évoque les conflits des enfants Roms et Sintes avec des enfants d´origine turque qui se blessent verbalement, en outre  les chefs d´établissement évitent de se prononcer sur le nombre d´enfants Roms dans leur école  pour éviter qu´elle  soit désertée par les parents Allemands et deviennent un “ghetto”. D´ailleurs lors de l´inscription d´un enfant  elle s´abstient de poser une question concernant l´origine de l´enfant. En plus  on ne peut pas toujours reconnaitre visuellement parlant que ce sont des enfants Roms ou Sintes.

Ses expériences lui ont appris  que c´est une population bien particulière, mais qu´avec l´aide des médiatrices du projet KAROLA  il y avait une bonne coopération/entente avec les parents surtout avec les mamans, car les pères étaient souvent absents (incarcération etc...) Ces mamans seraient d´ailleurs extrêmement  jeunes et auraient plusieurs enfants.

La plus grande difficulté des enfants Roms et Sintes provient du fait  qu´ils sont très tard confrontés avec les techniques de la culture scolaire, il faudrait commencer encore plus tôt que l´âge du jardin d´enfants et leur donner des crayons, de la colle,  ce qui éviterait  les problèmes de motricité fine ( l´agilité des doigts)

Une remarque personnelle, dit-elle, les familles Roms et Sintes ont des enfants “handicapés”, ceci proviendrait des mariages intrasanguins (consanguins).

Bien sûr il y a des absences, mais en règle générale les absences étaient excusées avec une attestation médicale, le médecin serait très généreux avec ses attestations ,il ne veut pas les laisser attendre  trop longtemps dans son cabinet

 

6.6.Arbeitskreis Roms-Lehrer und-Sozialarbeiter

 

Il existe un groupe de travail formé par les enseignants et médiateurs  Roms et Sintes. Ce groupe s´occupe de l´enseignement du Romanes, de la préparation du matériel pédagogique, du co-teaching et de la médiation.Il propose aussi  des formations pour introduire de nouvelles méthodes d´enseignement.

Un coup de téléphone avec Madame XXX (enseignante dans un quartier populaire se trouvant dans le sud de Hambourg, il s´agit de Wilhelmsburg, connu pour les nombreux enfants issus de la migration.). Elle ne nomme aucun problème particulier avec les enfants Roms et Sintes, à Hambourg les enfants sont intégrés dans des classes normales, ils vont tout simplement à l´école , là où ils habitent.

En ce qui concerne l´enseignement de la langue Romani, ily a 2 enseignants formés pour l´enseignement de la langue Romani (Stefan G. A l´école Sankt-Pauli, et un einseignant de l´ex-Yugoslawie à l´école Carsten-Rehder-Schule)

Normalement les enfants ont 3 heures de cours de langue Romani, cela dépend de la convention  avec le chef d´établissement.

Comme il y a différents dialectes Romani , cela ne facilite pas la tâche.

Elle pense que les enseignants doivent se former et s´informer par leur propre initiative s´ils ont des enfants Roms et Sintes en cours ; de nos jours il existe aussi une grammaire du Romani developpée par un linguiste renommée vivant en Grande-Bretagne:Yaron Matras.

Différemment de l´école La Miranda l´absentéisme des enfants Roms et Sintés n´est pas un souci majeur. Il y a bien sûr comme partout ailleurs cet absentéisme culturel, mais depuis 2006 (le cas de maltraitance d´une fillette de 7 ans – Jessica - inconnue à l´école alors qu´elle aurait dû être scolarisée depuis lontemps)  Hambourg a introduit un nouveau système de contrôle des absences, si après trois jours d´absence il n´y a aucune excuse de la part des parents, automatiquement l´école le signale au Zentralschulregister: Registre central de l´école.

 

Wilhelmsburg en tant que quartier populaire avec beaucoup d´enfants issus d´immigrations diverses est connu dans l´opinion publique comme “ghetto”. Les parents préfèrent mettre leurs enfants dans d´autres écoles que celles du quartier quand ils sont conscients de l´importance de l´éducation . Il faut croire que comme partout ailleurs il y a des violences entre les enfants d´origines diverses.

 

En résumé, les enfants Roms et Sintes à Hambourg sont scolarisés normalement, ils fréquentent les écoles du quartier.

Hambourg a la chance d´avoir deux enseignants pour le Romani et des médiateurs qui établissent le lien avec les parents.

Le but est de laisser les enfants dans un cursus normal, mais on retrouve les enfants Roms et Sintes après l´école primaire dans des écoles qui ne sont pas aussi prestigieuses que le Gymnasium , mais plutôt dans des  Haupt-und Realschulen qui les mènent vers le BEPC, il y a aussi parallèlement aux écoles primaires, des écoles spécialisées , les “Förderschulen” qui ne sont pas des écoles pour enfants handicapés.

Dans les écoles Hambourgeoises les enfants Roms et Sintes ont la possibilité de créer des liens avec des enfants de tous les pays du monde (Afrique, Amérique Latine), il n’y a aucune école avec 100% de public tsigane.

Depuis les années 90 un énorme effort a été fait pour sensibiliser les parents Roms et les intéresser à la scolarisation de leurs enfants. Les nombreux médiateurs présents sur le terrain créent un climat de confiance pour que les parents acceptent de confier leurs enfants à des institutions Gadge.

 

 

 

6.7. Le  modèle  du Land Hessen

 

Dans ce Land officiellement il existe deux modes  de scolarisation pour  les enfants Roms et Sintes:

-Le modèle de Francfort “Schaworalle” né d´une initiative „privée“ soutenu financiellement par la ville de Francfort/Main, un projet initialement prévu pour retirer les enfants Roms de la rue et leur offrir un refuge qui par la suite est devenu un “projet scolaire”  pour enfants Roms qui pourront toujours aller vers une école régulière s´ils le souhaitent. Ce projet travaille en coopération avec  deux écoles environnantes (Ecole primaire et école spécialisée) dont trois enseignants sont mutés sur le terrain de Schaworalle.

Donc de part son public, ce projet est  plus comparable au projet scolaire à Perpignan LA Miranda .

Les autres projets de ce Land se sont inspirés du modèle Hambourgeois où les enfants vont à l´école, là où ils habitent (mixité), ont des cours en Romani et  où de nombreux médiateurs Roms et Sintes sont sur le terrain et assurent le lien avec les parents. Avec une particularité d´instaurer un dialogue interculturel et de lutter ainsi contre les préjugés.

 

 

6.7.1Ecole Schaworalle „Salut les enfants“ à Francfort

 

 

„…Dass nur  dort Maßnahmen greifen,wo einzelne Menschen,Roms und Nicht-Roms,mit ganzem Herzen bei der Sache sind,um die Brücke zwischen –Mehrheitsgesellschaft und Minderheit zu schlagen“[22]

 

Traduction

„….et que seules des mesures portent des fruits, là où des individus, Rom ou Non-Roms, de tout coeur créent un pont entre la société dominante et la minorité.”

 

Schaworalle :Un projet exceptionnel

 

Et c´est bien l´hospitalité inconditionnelle que l´on ressent lorsqu´on entre dans l´établissement Schaworalle.

De tout coeur avec son établissement, attachée profondément à ses enfants que Sabine Ernst mène l´institution. Son rôle ne se cantonne pas dans l´administration, elle joue le rôle d´infirmière ,accueille parents, enfants et visiteurs avec la même disponibilité et dirige aussi l´équipe d´une main énergique et décidée. Elle est investie dans le travail pédagogique , enseigne l´Allemand et l´Anglais, elle a développé et réalisé la cour avec des idées personnelles et une qualité exceptionnelle du matériel.”Le jeu est important” pour les enfants.

Et l´enjeu de l´institution aussi:“la paix sociale“.

Dès le début Sabine Ernst a accompagné ce projet. Elle a même appris le Romani, la langue des enfants Roms.

De nos jours elle a fait des voyages dans d´autres pays comme la Grèce pour présenter le projet avec des collaborateurs Roms  venant de  Macédonie. Elle est une sorte d’ambassadrice.

Une médaille ”Théodor Heuss” a été  accordée à l´école pour son engagement contre la pauvreté, l´exclusion et le racisme.

 

 

6.7.2.Situation géographique de l´école

 

L´école Schaworalle dépend du Land Hessen , elle se trouve à Francfort /Main (700000 habitants): la cinquième plus grande ville Allemande après Berlin, Hambourg, Munich et Cologne.Comme la ville fut détruite en partie pendant la seconde guerre mondiale, on a reconstruit les bâtiments  les plus hauts d´Europe: des Gratte-ciels. Les touristes viennent admirer du bord du Main, le fleuve qui la traverse, la Skyline. Avec la vieille ville et le Römerberg (vestiges Romains) c´est une attraction importante. Francfort est un centre financier et commercial européen, siège de la banque européenne , mais aussi de la puissante Deutsche Bank , c´est une ville reconnue pour ses activités commerciales .et sa foire “Frankfurter Messe”

Aéroport, gares et de nombreuses liaisons autoroutières font de cette ville un centre logistique essentiel pour l´économie Allemande. D´antan déjà ce fut un carrefour ,la traduction littérale du nom de la ville veut dire “le gué des Francs” lieu de passage, de migration.

 

L´école se trouve non loin du Main et du vieux centre- ville dans le EastEnd, comme les gens de Francfort l´expriment.

 

Schwarolle  est un mot Romani et signifie „Salut les enfants“ en Allemand „Hallo Kinder!“.

Schaworalle est une institution bien particulière, créee par  une inititiave de l´association Rom “Förderverein Roms” , des tsiganes roumains en 1999.

C´est un centre d´accueil  pour des enfants d´origine roumaine qui ouvre de huit heures trente à dix-sept heures trente.

Aujourd´hui  il y a 110 enfants Roms sur la liste, dont 70% viennent régulièrement, 20 % d´entre eux sont semi-réguliers et 10% des enfants la fréquentent  irrégulierement.

 

Depuis 2002 Schaworalle est situé en centre–ville à l´est du centre historique de Francfort dans la rue Stoltzstr.14-16 (dénommée d´après un poète local); elle part d´une artère centrale Battonstr. qui est la prolongation de la Berliner Straße.(Eastend),.Avant de parvenir à la Stoltzestr. on passe devant le musée Judengasse (la ruelle  de la Juiverie), c´est là qu´ont été découvert les fondations de la synagogue et des bâtiments du quartier de la Juiverie.

Tout à côté il y a un vieux cimetière Juif  avec des tombes datant du 16 siècle, ce cimetière a été en partie détruit pendant la seconde guerre mondiale, l´enceinte protégeant le cimetière est devenu lieu de la mémoire, des petits rectangles en ciment portant le nom des victimes Juives mortes dans les camps concentrationnaires  ont été fixés sur le mur.

En laissant derrière nous ce cimetière  et le musée Judengasse, on remonte la Stoltzestr et sur la droite, presque inaperçu apparait le nom Schwarolle sur une porte , rien ne laisse deviner que derrière celle-ci se trouve l´école Schaworalle. C´est comme la porte d´un immeuble quelconque! D´ailleurs elle est située dans des bâtiments habités par des locataires. Côté cour se trouve le terrain  de jeux où il y a la possibilité pour les enfants de bouger, de jouer et de se détendre pendant les récréations. Les habitants montrent beaucoup de tolérance car ils ne se plaignent pas trop souvent du bruit des enfants qui jouent là ,bien qu´il y ait un effet d´entonnoir et  que cela  doit résonner énormément. Les grands arbres heureusement doivent amortir un peu le bruit.

Au rez-de-chaussée de cette maison d´habitation sur la droite se trouve un coin rencontre, le bureau de la directrice Sabine Ernst et sur la gauche la cuisine.

Ce couloir avec au centre ce coin de rencontre sert à accueillir les mamans et les papas Gitans ou les grands-mères, il y a du café, un banc pour s´asseoir et bavarder, les familles Roms se sentent comme chez elles. Elles sont là avec des bébés dans les bras, des poussettes.

Dans la cuisine travaille du personnel Rom, dans la prolongation de ce couloir au rez-de-chaussée il y a le jardin d´enfants, le groupe de maternelle pour les enfants de 3 à 6ans.

Les enfants de la maternelle peuvent sortir directement pour jouer dans la cour.

Cette cour a été aménagée avec et sous la direction de la directrice Sabine Ernst.

Ce sont des jeux très créatifs, avec une pompe à eau, un bac à sable, bien sûr un tobogan  pour glisser, grimper, et aussi pour jouer au ballon.

 

Les parents ne montent pas à l´étage où il y a cours. Ils sont les bienvenus à l´école, mais ils ne doivent pas déranger les cours.

Au rez-de–chaussée se trouve aussi la salle polyvalente qui sert de réfectoire, de salle d´assemblée et de salle de sport ou de théâtre.

 

En montant au premier étage il y a la salle de classe de l´école primaire Grundschule: 28 enfants inscrits, Mittelstufe,Hauptstufe (14-17 ans) (Leistungsgruppe : ce sont les enfants les plus âgés de la Hauptstufe, la classe finale avant le certificat d´études - 5 enfants)) et la salle d´ordinateurs, la salle des princesses „pour les filles“.

L´école (école intégrative primaire et secondaire jusqu´au certificat d´études) n´a pas suffisamment de place pour les enfants qu´elle accueille, mais il y a une chaleur humaine et une proximité, on est proche l´un de l´autre.

Schwarolle aurait besoin de locaux plus grands, mais on perdrait l´intimité des lieux!

 

Si les adolescents veulent continuer pour obtenir le brevêt d´études ils doivent changer d´école et aller dans une Realschule (par ex. Une école partenaire de la Schaworalle)

 

 

Le projet “Schaworalle”  s´est développé depuis 1996 au fil des années , la dure  réalité sociale  et la situation d´exclusion des enfants roms  ont rendu ce travail nécessaire.

 

Tout d´abord la ville de Francfort a financé ce projet pendant 3 ans, car il était nécessaire de réagir à une situation qui devenait conflictuelle, il fallait retirer de la rue les enfants roumains qui trainaient dans le centre-ville et qui étaient à l´origine de nombreuses nuisances  comme par exemple la mendicité, les vols, la  prostitution, les  conflits de voisinage

.

Aujourd´hui ces problèmes ne se posent pas d´une manière aussi cruciale, bien que chaque matin des familles roumaines entières poussant des chariots remplis de sacs , de vêtements, de béquilles nécessaires à la mise en scène envahissent l´artère centrale de la ville Kaiserstr. Ils se positionnent au niveau de la gare et mendient

 

La police  n´intervient pas.Elle tolère cet envahissement de la voie publique.

 

Les piliers du travail pédagogique en sont: jusqu´à 13 heures ce sont des apprentissages classiques lire, écrire, compter, l´après-midi est consacré aux projets, au soutien scolaire et aux devoirs. Même si les enfants ne devaient venir que l´après-midi cette structure de programme  reste constante.

- jardin d´enfants (accueil d´enfants âge de 3-6 ans préscolarisation)

- programme scolaire

- cantine

- l´après-midi : programme de loisirs - projet - soutien scolaire - devoirs

 

Au-delà du travail effectué auprès des enfants, l´association accueille et conseille les familles Roms ,accompagne les adolescents et  propose un programme de formation professionnelle financé par l´Europe pour les jeunes  adultes et adolescents, c´est l´autre aspect du  champ d´action du Förderverein Roms.

(la maternelle,le primaire jusqu´au certificat d´études  16 ans c´est devenu la norme pour ces projets, le but reste l´insertion professionnelle,le BEPC, la formation professionnelle)

Une Romni travaillant dans ce projet fait la réflexion suivante : A quoi cela me sert d´avoir un CAP de coiffeuse si ensuite je n´ai pas de travail car je suis Romni?

 C´est là que devrait continuer la réflexion sur la possibilité d´emancipation des Roms dans la société européenne .Ainsi à  Best dans les Pays-Bas . les Sintes ont crée une école pour leurs adolescents en situation d´échec scolaire ,  ils les motivent à faire une formation en tant que par exemple:cuisinier/chaufffeur de camion. Ce sont là des activités qui ne font pas partie des métiers traditionnels-Briser ainsi  le cercle vicieux de l’échec scolaire, la rue, la mendicité, le mariage  et l´aide sociale[23].” C´est le début d´une nouvelle ère!”

Kleine Schule - la petite école - est la préoccupation du travail pédagogique .Cette petite école a été non seulement une nécessité puisque beaucoup d´enfants Roms ne fréquentaient pas l´école GADGE, mais aussi l´expression du souhait de nombreux des enfants d´apprendre à lire, écrire et compter.

 

Schaworalle est un lieu –refuge, rassurant dans lequel on respecte les règles et les lois Roms, c´est le lieu de culture et de l´histoire Roms. Un lieu de la conciliation de deux mondes totalement différents: celui de la majorité (dominant) et celui de la minorité ethnique discriminée. Le lien  de confiance s’établit entre les Roms et les Non-Roms grâce à la collaboration quotidienne qui s´oriente aux valeurs et mode de pensée de la société/communauté  Roms. C´est ainsi que l´institution Schaworalle aimerait être perçue.

Pour ce travail remarquable (lutte contre la pauvreté matérielle et intellectuelle, la discrimination , pour le droit à l´éducation) , Schaworalle a  été recompensée avec la médaille accordée par la Theodor-Heuss-Stiftung en 2006.

En octobre 2006 l´association  a fêté ses 10 ans !

 

6.7.3. ” L´école “ Schaworalle

 

Beaucoup d´enfants Roms d´âge scolaire ne fréquentent pas ou très  peu l´école Allemande/ l´école des  “ gadge “.Comme partout ailleurs dans les pays européens!

En même temps on remarque que dans le cadre rassurant de la Schaworalle les enfants Roms sont motivés et disposés à  apprendre.

Ces enfants sont en Allemagne depuis assez longtemps pour qu´il y ait une obligation de scolarisation qu´ils négligent.

Tout ceci montre bien que l´école “regulière” – Regelschule est un domaine dans lequel ces enfants sont mal à l´aise, ils ne s´y retrouvent pas, ils ne retrouvent ni leurs expériences, ni leur histoire, ni leur langue.

Le nombre exorbitant d´enfants tsiganes sans culture scolaire, sans diplôme  montre  que leurs chances sur le marché du travail sont infines. Ainsi le cercle vicieux se referme encore plus: marginalisation, pauvreté, paupérisme, l´institution scolaire et  la formation professionnelle sont le lieu où s´expriment d´une manière  brutale la discrimination, l´exclusion.”Schule und Ausbildung werden so zu einem Moment der Diskriminierung”[24] constate le Förderverein Roms.

Ainsi les enfants ont très tôt fait l´expérience qu´on ne peut pas faire confiance dans les institutions Gadge.

Les expériences traduites de génération en génération sont des expériences d´exclusion. Les familles roumaines ont mené une vie incertaine, dénuée de sécurité matérielle marquée par les problèmes de  santé, préoccupés  du problème de droit de séjour et du droit à l´habitat fixe.

Elles ont gagné leur vie en mendiant, en vendant des journaux des SDF ou des objets d´origine illicite et très tôt les enfants ont appris à aider à subvenir aux besoins de leurs familles.Ainsi l´école ou les apprentissages scoalires n´étaient pas essentiels pour eux.

L´expérience des ancienes générations, des “tios” qui n´ont pas appris à lire ou à écrire leur a enseigné  qu´on ne peut pas faire confiance aux institutions locales. Et que les expériences fondamentales pour survivre se faisaient dans la rue et dans le cercle familial.

La situation des familles étrangères en Allemagne renforce cette méfiance.

Les familles Roms veulent que leurs enfants apprennent à lire, à écrire, à compter, mais surtout ils veulent aussi que l´institution scolaire respecte leurs traditions, leur mode de pensée, leur bilinguisme ou plurilinguisme, leur indépendance et leur soif de mener une vie indépendante. Ils veulent que l´école respecte leur identité culturelle, leurs valeurs ancestrales, leur histoire.

S´identifier, se retrouver dans les institutions gadge est un  véritable défi pour les enfants Roms.

Ce sont d´ailleurs les enfants qui décident s´ils vont à l´école ou pas

Beaucoup d´enfants n´ont pas une aptitude scolaire lors de la scolarisation, il leur manque la préscolarisation.

Ils parlent Romani[25], et ne parlent que très peu la langue dominante, ils n´ont pas fait les mêmes apprentissages que d´autres enfants au jardin d´enfants ou à la maternelle , ils n´ont pas non plus l´expérience d´une mixité sociale.

Toutes ces raisons montrent bien qu´il est nécessaire de mettre en place une institution  particulière pour intégrer et scolariser les enfants Roms et qui serve de « passerelle ».

La confiance qu´apportent les enfants et les familles à l´institution Schaworalle, le succès du travail pégagogique montrent bien que si on veut intégrer cette minorité  tout en respectant son identité, ses règles et ses normes, il est tout d´abord nécessaire que celle-ci  prenne conscience de son rôle dans la société majoritaire. Le fait de ne scolariser que des enfants Roms leur donne une certaine sécurité, une confiance en soi et cela leur permet de réfléchir à leurs propres expériences, de les exprimer et de les articuler sans danger d´être ridiculisé ou pris en dérision.

 

Ainsi il est important que la langue Romani soit la langue de socialisation, mais la langue dans laquelle se règlent les conflits et les problèmes. D´un côté parce que beaucoup d´enfants parlent mal la langue dominante mais de l´autre côté parce que le Romani est une partie de leur identité culturelle.

 

Schaworalle est un projet expérimental qui montre qu´on peut travailler avec succès avec des familles Roms dans le domaine éducatif, mais néanmoins l´école “régulière”, l´école pour tous les enfants ne doit nullement se désengager ou se retirer de sa responsabilité.Au contraire il s´agit de faire prendre conscience du racisme, des préjugés et de la discrimination et de donner des pulsions pour des projets pédagogiques innovateurs.

C´est une structure “passerelle” qui aide à l´intégration des enfants Roms. Elle rassure enfants et parents. De ce fait les enseignants (2 enseignants à plein temps et une enseignante spécialisée) viennent de la Regelschule, deux écoles avoisinantes qui coopèrent avec Schaworalle.

 

 

6.7.4.Une équipe internationale composée de Roms et Non-Roms

 

 

L´équipe est composée de Roms et de Non-roms - une équipe européenne: Finlande (enseignante spécialisée), Roumanie (informatique), Allemagne, Macédonie (personnel cuisine), un enseignant d´origine italienne, aides-pédagogiques Roms, un Rom enseignant de Romani entre  autre...

Dans le domaine préscolaire:

Une directrice “Gadge”

2 postes d´éducatrices pour 3 personnes dont une est romni

Jardin d´enfants: un travailleur social 2/3 2 éducateurs (100%  80%) 2 aides pédagogiques (100%) Roms.

Petite école:

 2 enseignants à temps complet et une enseignante pour école spécialisée pendant 14  heures.

Dans le domaine de la cuisine une romni avec 32 heures.

 

Le personnel Rom  -médiateurs

 

 

Dans ce projet travaillent ensemble des Roms et des personnes de diverses nationalités européennes , le personnel Rom met en confiance parents et enfants..

Le personnel Rom vient de divers pays :Roumanie, Macédonie.Diverses  nationalités sont présentes sur le terrain.

Il est important que ce personnel soit formellement qualifié ; ainsi une jeune Romni a passé son certificat d’études et un jeune employé va passer son certificat dans le cadre de l´institution  cette année.

Ces deux employés sont  de bons exemples de réussite pour les enfants.

L´institution accorde beaucoup d´importance à la qualification du personnel Rom. Tous les  médiateurs ou aides-pédagogiques ont une formation professionnelle.

 

Le rythme/le niveau

Les cours du matin commencent à 9 heures. Même si pour l´Allemagne on commence assez tard, la règle est de commencer à 8 heures, les enfants arrivent souvent en retard ou peu à peu. Un système de récompense a été instauré pour motiver les enfants à venir à l´heure. Une étoile pour la ponctualité, après 5 étoiles on peut avoir un cadeau “scolaire” , un réveil par exemple.

1.9:00- 10.15  

   récréation

2.10:30-11:45

   récréation

3.12:00-13:00

 

13::00-13.30  cantine

13:30-14:00  conseil des enfants

 

14:00-17:00 Programme d´après-midi loisirs, projet, devoirs et soutien scolaire.

 

Une certaine flexibilité est nécessaire dans l´accueil des enfants Roms. Ainsi jusqu´à 70 enfants viennent par jour ¾ jours par semaine et qui lors des fêtes familiales/des évènements culturels  s´absentent. Certains enfants ne viennent que 2 ou 3 mois le temps de passage des familles dans la ville de Francfort.

Schaworalle est ouverte de 9:00 à 17 heures.

Le matin de 9:00 heures à 13 heures  il y a cinq groupes.

 

A 13 heures les enfants mangent à la cantine .

A 13:30 heures on commence avec les projets .

Il est important de donner aux enfants la possibilité d´être enfant , de jouer, de faire du sport, de faire des sorties et naturellement pour ceux d´entre d´eux qui   fréquentent l´école du quartier il y a un soutien scolaire.

 

Le jardin d’enfants /la maternelle pour les enfants de 3-6 ans

 

Il y a une classe préparatoire pour les 6-7ans qui n´ont jamais été au jardin d´enfants.

 

L´école primaire

C´est un groupe  hétérogène en âge et compétences de 30 enfants (classe 1-4) 4 ans de primaire. Cette situation exige des cours très individualisés.

Un enseignant à temps complet, une enseignante spécialisée à mi-temps et une aide-pédagogique Rom.

 

L´école moyenne pour les 11-13 ans. C´est un groupe de 15 enfants

Il y a 2 pédagogues qui s´occupent de ce groupe.

L´école supérieure pour les 14-16 ans  qui se préparent au certificat d´études

Pour se préparer au certificat d´études les enfants apprennent aussi l´Anglais obligatoirement.

Ce groupe a aussi cours l´après-midi.

 

Quelle perspective après le certificat d´études?

Les plus assidus peuvent continuer l´école afin d´avoir le niveau du BEPC (Realschulabschluß) et ensuite faire  un BAC Pro, ils peuvent faire une section professionnelle pendant un an pour devenIr mécanicien, vendeur, coiffeur. C´est une décision qui concerne la famille, la famille décide aussi si la fille continue à aller à l´école ou si elle se marie.

 

6.8. D´autres types de scolarisation des enfants Sintes et Roms:

 

Les projets de Bad Hersfeld /Darmstadt Eberstadt/Marburg

 

Les projets scolaires intiés à différentes dates dans le Land Hessen ont le but d´intégrer les enfants Sintes et Roms et de les garde dans le cursus scolaire normal.

Le principe est analogue au projet exemplaire de Hambourg: Personnel Roms en collaboration avec des enseignants Non-roms, Médiation (médiateurs et médiatrices Roms et Sintes, enseignement de la langue Romani et accompagnement et soutien scolaire dans le but de créer une réussite scolaire et d´éviter les “Förderschulen” – écoles d´enseignement spécialisées ou les “ Sonderschulen”- écoles pour enfants handicapés.

La seconde ligne de développement est la formation des enseignants en  la sensibilitaion pour la situation des Roms et Sintes en Europe “changer le regard porté sur les enfants Roms” et faire connaitre la culture et l´histoire des Tsiganes dans une intention d´interculturalité.

“Ziel ist also die Regelschule, in Ergänzung soll das Romsnes gefördert werden (…)

Stärkung für den Regelunterricht“[26]

 

Depuis 2005/2006 il existe un projet de soutien pour améliorer la situation scolaire des enfants Sintes.[27]Deux écoles du primaire prennent part à ce projet:

-Ernst-von-Hannack-Schule

-Friedrich-Fröbel-Schule

 

L´accord a été donné pour que le projet soit poursuivi pendant l´année scoalire 2008/2009

 

Le médiateur Samson Lind membre du secrétariat  de l´association Roms-und Sintes-Union crée le lien entre les familles Sintes et l´institution scolaire. Il constate devant le journal Hersfelder Zeitung du 5.12.2006 que de nos jours encore, ce sont les préjugés et les clichés qui caractérisent la relation aux Roms et Sintes. La crainte, la peur et le manque de connaissance de l´autre créent une situation d´impasse, de ghetto et de refus de l´un comme de l´autre. Cette situation ne peut s´améliorer qu´avec une meilleure chance d´accéder à l´égalité scolaire.

“Rassistische Vorurteile und Klischees  bestimmen auch  heute noch den Umgang mit Sintes und Roms.Diese sind in Regel Ausdruck von Ängsten,Unwissenheit und beiderseitiger Abschottung.Dem kann langfristig nur durch verbesserte Bildungschancen begegnet werden“[28]

 

Ce projet part  du constat suivant:

Tous les projets scolaires démarrés en 1970 ont été un échec.

Les exemples de scolarisation à Hambourg, Berlin, Francfort et en Hongrie  montrent bien depuis ce temps, qu´une réussite scolaire des enfants Roms  ne peut se faire qu´avec la participation active  de ces mêmes parents.

 

Le projet consiste en cette médiation parents-Sintes et institution et travail sur les représentations: Monsieur Samson Lind a accepté de prendre ce rôle de médiateur qu´il a exercé déja dans le cadre de l´association des Roms et Sintes.

Sa fonction.

-relation parents-écoles (relais-parents)

-réunion de parents d´élèves

-aide-pédagogique

-soutien scolaire l´après-midi

-enseignants-relais en cas de conflit

Pour la réussite de la médiation il est important qu´il soit membre à part entière de  l´institution scolaire, que sa fonction et son rôle soit reconnus par l´institution (école/administration/enseignants et par tous les parents)

Samson Lind est médiateur dans les deux écoles: lundi à Friedrich-Fröbel-Schule et mardi et jeudi présent Ernst-von-Harnack-Schule, le vendredi: préparation des interventions et réflexion ou formation.

Qu´un médiateur Rom ou Sintes gitan soit présent dans un établissement scolaire, qu´il soit membre intégral d´un corps enseignant et qu´il donne  même des cours de Romani comme à Hambourg, c´est devenu  la règle de ces projets européens envers les familles Roms et Sintes.

La particularité du projet de Bad Hersfeld est le travail sur les représentations des enseignants concernant les Roms et Sintes.

Il y a donc une nécessité pour les enseignants de se former et de prendre conscience de leur posture sous la forme d´une formation ayant pour thème:Histoire de la persécution des Roms et Sintes./Introduction à la réalité de l´antitziganisme). Ces formations sont assurées par un chercheur Udo Engbring-Romang.

 

Les buts recherchés ne peuvent pas être l´amélioration à court terme des résultats scolaires des enfants mais d´établir un lien de confiance avec les parents Roms et Sintes, de  réduire le taux d´absentéisme et de faire comprendre la nécessité de règles et de structures stables (ponctualité-retard)

Un premier bilan de ce projet est positif:

Les parents ont accepté le médiateur, ils reconnaissent en lieu une personne fiable et serviable. Le médiateur est présent dans la salle des enseignants, les enseignants reconnaissent et acceptent sa compétence.

Le taux d´absentéisme a reculé et les compétences des enfants ont augmenté au niveau des apprentissages préscolaires ( une plus maturité scolaire) grâce au jardin d´enfants (maternelle) et un an de préscolarisation (1 année préparatoire à l´école), on thématise les déficits linguistiques (divergence entre la faculté de lecture et la compréhension) c´est-à-dire déchiffrer les mots et en comprendre le sens.

 

Les parents Sintes espèrent un soutien scolaire pour leurs enfants.

On constate que le projet pour l´amélioration des résultats scolaires demandent du temps, c´est un projet à long terme de la maternelle en passant par l´école primaire jusqu´au passage au cycle secondaire.

La continuité et la persévérance sont des éléments importants dans le lien de confiance aux parents Roms et Sintes car cette confiance  leur a  été refusée pendants des siècles.

 

Le projet de Bad Hersfeld a fait ses premiers pas: il s´agit de continuer et d´assumer ce projet jusqu´à un niveau de formation professionnelle, il demande un accompagnement personnel continu.

Le rôle de la langue primaire et la situation de bilinguisme exigent des réponses pédagogiques. De même la transmission de l´histoire des peuples Roms et Sintes, de la persécution mais aussi le développement du matériel pédagogique concernant ces deux problématiques.[29]

 

La plupart des parents espèrent que leurs enfants auront un brevet d´études (BEPC)

 

Projet de Marburg[30]

 

Une Sinteszza travaille comme médiatrice dans ce projet.elle crée le contact entre les parents et l´institution scolaire. Elle instaure la confiance.

La particularité de ce projet est le niveau de réflexion :

 

Les enseignants recherchent  plus d´informations sur la culture et l´histoire des Sintes.

-Orientation professionnelle après la classe finale

-Donner aux adolescents une identité culturelle positive pour le développement de leur personnalité

-Enseignement de la langue primaire “Romani”/renforcement de l´apprentissage de la langue dominante :Allemand

-Recherche de nouvelles formes d´expression culturelle pour assumer le dialogue/le contact avec la société dominante par exemple nouvelles expressions musicales à travers l´organisation d´expositions mais aussi de spectacles culturels.

 

Les points forts des projets scolaires dans le Land Hessen concernant aussi bien les enfants Sintes allemands (minorité nationale) que les enfants Roms de Roumanie  sont les suivants:

-Respect de la culture des Sintes et Roms et valorisation

-Enseignement de la langue Romani

-Intégration dans le système scolaire  de règle (Regelschule)

-Exception/Dérogation est le projet Schaworalle correspondant à une demande particulière

-Travail dans des équipes de Roms et Non-Roms

-Travail de médiation

-Formation des enseignants (Histoire et Culture des peuples Roms)

-Développement de nouvelles formes artististiques pour communiquer avec la société dominante

-Engagement politique des Sintes et Roms pour la reconnaissance du samudaripen

-Forte prise de conscience politique :Engagement pour la reconnaissance en tant que minorité nationale dans les constitutions des différents Länder

-Prise  de la nécessité d ´une scolarisation “ normale” pour leurs enfants

-Développement de projet d´insertion professionnelle-Prise en charge au delà de l´obligation scolaire.

-Travail renforcé sur les „stéréotypes“ et les „clichés” concernant les Sintes et Roms.

 

 

 

 

 

 

Conclusions

 

 

La Convention Européenne signée par l´Allemagne en 1998 et par la France  prescrit la protection des minorités nationales et la nécessité de créer des projets scolaires pour la réussite scolaire des enfants Roms et Sintes, notamment dans le cadre de la décade Rom 2005-2015.

Avant cette date historique et depuis cette date de nombreux projets ont été mis en place pour  favoriser la réussite scolarisation des enfants Roms et Sintes et Gitans!

 

Ces projets ont le plus souvent un caractère expérimental.

 

Tous ces projets  partent du constat suivant:

Sans le soutien et la participation des parents Gitans, Roms ou Sintes, ils sont voués à l´échec.

 

Le projet “LA Miranda” est un projet  pragmatique assez jeune “2006” qui répond à la nécessité immédiate de lutter contre l´absentéisme qui avait atteint un paroxysme en 2005/2006, mais aussi de “produire” la réussite scolaire.

Tous les dispositifs mis en place tendent vers l´augmentation en chiffres de la présence des enfants et vers l´amélioration des résultats scolaires, c´est-à-dire créer des exemples de réussite scolaire et soutenir les enfants les plus réguliers.

C´est un but qui est bien dans la vision de l´école  républicaine Française: mener les enfants le plus vite possible vers le système scolaire dominant.

Pour atteindre ces buts: des classes de fréquentation ont été mises en place :Décloissonnement des cours/différenciation/initiation du dialogue avec les parents pour regagner leur confiance/reconnaissance de l´importance de la préscolarisation (la maternelle fait partie du projet).

De nombreux moyens notamment humains ont été accordés pour favoriser la réussite du projet:

Equipe pédagogique pludisciplinaire aux compétences croisées, 1 enseignant 1 aide-pédagogique par classe, divers intervenants en sport, musique et sciences de la vie.des parents-relais, du personnel gitan (aide-pédagogiques, parents-relais),une directrice déchargée de cours et un “coaching” facultatif.

Déjà ce projet porte des fruits (augmentation de la presence - amélioration des résultats scolaires)[31]. Le label ZEP dit clairement que ce sont encore des enfants en grandes difficultés scolaires qui ont besoin d´un soutien scolaire.

Les parents Gtans sont satisfaits du travail de la nouvelle équipe pédagogique et de l´engagement de la directrice. Ils se sentent acceptés! L´expression de la reconnaissance de ce travail est la participation à la fête dans le quartier Saint-Jacques où l´équipe des enseignants et l´école se profilent comme le lieu-refuge de la culture Gitane

 

En comparaison avec les projets de Hambourg et du Land Hessen , il me semblerait que le projet doit encore se développer dans diverses directions.

La non-mixité reste un problème majeur, les enfants ont besoin d´esprit de compétition pour développer leurs compétences et leurs facultés linguistiques aussi bien en Catalan Gitan qu´en Français.aucune réflexion n´est faite concernant la langue Romani.

 

Les représentations concernant la population gitane de Perpignan sont plutôt négatives: ceci correspondrait aussi à une tendance dominante dans la communauté gitane: refus de la mixité.

 

Il faudrait   améliorer ou initier le dialogue avec la société dominante.

 

Les premiers pas ont été faits .Des parents gitans et des représentants de la communauté gitane  ensemble avec les représentants de la société dominante ont pris part à  une conférence sur la scolarisation des enfants gitans[32] à Montpellier et ont présenté le film “Regards croisés sur la scolarisation des enfants gitans”, des Gitans ont pris place sur le podium à côté des différents représentants spécialistes de la question.(Préfecture de Perpignan, ville de Perpignan,Enseignants)

 

Tous   les projets ne prennent compte que d´une partie de la thématique: Il n´y a pas un chemin  mais plusieurs:

 

Une école et un enseignement qui s´orientent vers l´histoire et la culture des Roms ne sont possibles que si  les Roms accèdent à ce savoir. Aussi longtemps que la communauté n´a pas de membres capables de transmettre l´histoire et la culture des Roms , toutes les mesures concernant la scolarisation et la sauvegarde de l´identité des Gitans, Roms et Sintes resteront lettres mortes.

Comme l´exemple des écoles allemandes le montre bien, il est possible de préserver l´identité des Roms et Sintes en enseignant la langue Romani. Depuis 1997 on enseigne le Romani en Autriche, avec l´aide de l´institut linguistique de Graz, le Romani fut resconstruit.

 

A Perpignan on pourrait enseigner le Catalan gitan, le  Kaló étant  fragmentaire, et enfin tenir compte de la situation de bilinguisme - le Français étant la langue dominante.

L´argument “ on n´est pas formés pour enseigner à des enfants Gitans” n´a aucun poids puisque la plupart des enseignants dans ce domaine se sont formés “ sur le tas.

 

La scolarisation des enfants Roms et Sintes (Gitans)  pose encore beaucoup de problèmes. Pour cela il y a une complexité de raisons

-historique: exclusion et persécution depuis des générations , des siècles, l´antitsiganisme est toujours virulent

- les Roms et Gitans se retrouvent au ban de la société , dans la périphérie, ils vivent pour la plupart dans une grande précarité.

-Il manque des enseignants qualifíés pour un dialogue interculturel qui tienne compte de la différence  et non des déficits.

--les enfants ont une première socialisation (famille et pays d´origine) enseignement dans la langue d´origine et dans la langue secondaire. Avoir une autre culture est une richesse et non pas un handicap

Revendication de formation pour des enseignants motives:

-l´innovation pédagogique tient de la formation et de la qualification des enseignants.

-la formation est importante pour les méthodes pédagogiques et pour le matériel pédagogique.

Le meilleur matériel n´est cependant rien quand le pédagogue n´est pas bon:

-qualification supplémentaire pour enseigner à des enfants Roms et Sintes.

-une politique cohérente dans le domaine scolaire concernant les enfants Tsiganes manque

-les enseignants sont prêts à se qualifier , ils disent eux-mêmes qu´ils ne sont pas suffisamment formés.

Ils doivent développer des qualités particulières:

La confrontation avec la culture Rom  pourrait la valoriser et ainsi aider à lutter contre les préjugés .

 

L´institution scolaire en France est considérée comme une voie d´accès à l´universalité des savoirs et de la culture et nécessitant la mise entre parenthèses des appartenances et des particularismes.

On construit l´égalité des chances à partir d´un traitement égalitariste et universalisant

But: construire une personnalité de type laïc, universaliste et égalitariste, développement des capacités critiques du sujet.

Leitmotiv: traiter tous les élèves de la même manière !

 

La conception de la scolarisation des enfants Gitans en France et des enfants Roms  en Allemagne diverge -  les Allemands sont conscients de leur responsabilité historique dans le samudaripen[33].

La France vit encore du mythe d´un pays de la liberté, égalité, fraternité ; elle n´a pas encore pris totalement conscience du passé colonial[34] et du rôle dévasteur qu´elle a joué en acculturant tous les indigènes des colonies.

.

C´est paradoxalement dans les anciens pays socialistes [35]que l´intégration des Roms et Sintes s´est le mieux réalisée: meilleure scolarisation, meilleure formation professionnelle et meilleure intégration sociale.-réussite universitaire. En Hongrie il existe un lycée Mahatma Gandhi pour la culture tsigane

Krause Mareile dans son oeuvre Verfolgung und Erziehung[36] évoque le rôle de l´école comme instrument de domination..

En effet l´école et l´éducation ont toujours servi à toutes les époques comme instruments des dominateurs pour asservir, “acculturer”, “assimiler” les minorités et comme moyen de pression d´acculturation et d´aliénation.

Encore aujourd´hui  la scolarisation des enfants Roms et Sintes, des enfants Gitans fait couler beaucoup d´encre: un vaste champ d´exploration. Elle pose le problème fondamental de la liberté et de l´altruité!

 

 

 

 

 

 

 

 

 Bibliographie

 

 

1.Duru-Bellat,Agnès Van Zanten: sociologie de l´école 1999

2.Thin Daniel:Quartier populaire l´ecole et les familles 1998

3.Dubet François,Martucelli Danilo: A l´école 1996

4.Barreau Jean-michel(coordination) :Dictionnaire des inégalités scolaires 2007

5.Dubet François:faits d´école 2008

6.Audet Claudine,Saint-Pierre Diane(sous la direction de):Ecole et culture-des liens à tisser

7.Verhoeren Marie:Ecole et diversité culturelle-regards croisés sur l´expérience des jeunes

                                issus de l´immigration.2002

8.Boudon Raymond,Cuin Charles-Henri,Massot Alain: l´axiomatique de l´inégalité des

                                 des chances

9.Barrère Anne,Sembel Nicolas:Sociologie de l´école 1998

10.Bourdieu Pierre, Passeron J-C:les héritiers 

11.Bourdieu Pierre:La reproduction.Elements pour une théoriedu système d´enseignement

                                 1970

12.Charlot B.,Bauthier E.,Rochex  j-Y :Ecole et savoirs dans les banlieues et ailleurs

13.Coulon A: Ethnométhodologie et éducation 1993

14.Bautier,Bernstein;Bourdieu:Les sociologues,l´école et la transmission des savoirs

15.DerouetJ-l (direction) :L´école dans plusieurs mondes 2000

16.Le livre des Gitans de Perpignan 2003

17.Jean-Pierre Liégeois:Roms en Europe 2007

18:Eberstadt Fernanda:le chant des Gitans 2007

19.Tarrius,alain:fin de siècle incertaine à Perpignan 1999

20.Thellier Elsa,Konaré Binty:Les camps du Sud de la France.Master 2”Théorie et pratique des droits de l´homme” Université de Pierre Mendès-France Grenoble 2007

21.Gruev Radoslav:Discrimination et camp de Rivesaltes (1941-1941) exclure,gérer,s´en débarasser...Intervention dans le cadre du D:U egalité des chances et discrimination,18,12,2008

23.Diverses articles de L´indépendant du 31.5.2005-7.6.2005 les émeutes à Perpignan.Assassinat de deux maghrébins Bey Bachir et DrissGhaib.

24.Escudero Jean-Paul:Les Gitans catalans et leur langue-une étude réalisée à Perpignan 2004

25:Fonseca Isabel:Enterez-moi debout- l´odysée des Tsiganes 1995

26.Humeau Jean-Baptiste:Tsiganes en France.De l´assignation au droit d´habiter 1995

27.István Józsa:Geschichte und  Gegenwart der Zigeuner in Deutschland und Ungarn 2001

28.Engbring-Romsng Udo: Zigeunerbilder in Schulen

29.Marburger Bausteine

30.Schaworalle Jahresbericht 2005

31.Krause Mareile: Verfolgung durch Erziehung  Hamburg 1991

32.Krause Mareile:Hamburger Modell –Regionalunterstützung des Schulbesuchs von Roms-und-Sintes –Kindern Oktober 2006

33.Krause,Mareile:Schule ist wie der Beginn eines neuen Tages DVD

Meyer Beate:Die Verfolgung und Ermordung der Hamburger Juden 1933-1945  FHH 2006

34.In den Tod geschickt:die Deportation von Juden ,Roms und Sintes aus Hamburg 1940-1945 FHH 2009

35.Ville-Ecole intégration  numéro 115 décembre 1998

36:Calvet Jean-Louis :La guerre des langues 1999

37:La préscolarisation comme médiation culturelle.Fédération nationale des Francas/Lares Recherche-action

38.Projet d´animation globale Centre social Saint-Jacques 2006-2009

39.Ecole et culture –des liens à tisser

40.Inchanopé Paul:La place et le rôle des arts à l´école

41.L´écrit et le parlé In:Place et le rôle des arts à l´école (Jean Proulx

42.Institut de recherche pédagogique:Approches interculturelles septembre 2007

43. Fréquentation, Ecole élémentaire La Miranda 2007-2008 (Documents fournis par l’Inspection académique)



[1]              les actions éducatives de la ville de Perpignan : usage exclusif de la langue catalane dans les familles p.4
[2]              dans l´Espagne du 16.siècle tout Gitan surpris en train de parler sa langue maternelle-le romani-était puni de mutilationCe qui explique que le romani se transforme en kalò un idiome plus espagnol que romani,.suite à différentes adaptations le kalò n´est plus parlé que par les tìos, les gitans de Perpignan parlent un catalan gitan,un mélange de gitan et de catalan roussillonais.
[3]              nomades non par culture mais par nécessité,chassés, ils ont fui la violence et la discriminationRepoussés ils ont dû développer des moyens de substance adaptés à ce genre de vie:saisonniers agricoles,vannerie,chaudronnier, voyance,petit commerce ambulant.Des métiers compatibles avec la mobilité.
                Aujourd´hui ce mode de vie est un Droit de l´Homme.
[4]              Calvet Jean Louis:la guerre des langues 1999   le catalan en tant que langue grégaire définition.
[5]              Le livre des Catalans Gitans de Perpignan 2003 p.57-59.Depuis la commission pour la standardisation de la langue romani (1990) a le but d´instaurer une langue internationale unifiée et de créer un alphabet commun,une méthode d´apprentissage est parue en 1994
[6]              idem p.59
[7]              Liégeois Jean-Pierre:Roms en Europe 2007 p.191
[8]              idem p.192 l´auteur parle d´ethnocide
[9]              idem p.193
[10]             In den Tod geschickt.die Deportationen von Juden,Roma und Sinti aus Hamburg 1940 bis 1945
                Freie und Hansestadt Hamburg 2009
[11]             Meyer Beate:Die Verfolgung und Ermordung der Hamburger Juden 1933-1945 Freie und Hansestadt Hamburg 2006
[12]             Dr Udo Engbring-Romang  e-mail de mai 2009: „ En outre des Friesons,Danois et Sorbes ,les Sinti et Roms Allemands sont reconnue en tant que 4.minorité nationale depuis 1998.(…) Monsieur Weiss veut certainement dire que les Sinti et Roms Allemands –au contraire des Friesons et Danois- ne sont pas pris en considération par la Constitution du Land Schleswig-Holstein et que même les Sorbes en Allemagne  de l´Est (Saxe et Brandenbourg) sont dans une meilleure posture que les Sinti et Roms.Seul le Land Rhénanie-Pfalz a signé une convention avec les Sinti et les Roms.“
[13]             Des parents Sinti aux Pays-Bas (Best) ont crée une école pour les enfants qui ont échoué à l´école.
                Ce sont des adolescents qui apprennent dans des projets ce qu´ils veulent ,chanter en anglais faire un CD.L´intérêt des adolescents déterminent  le contenu du  cours.Ils peuvent apprendre un métier, comme celui de cuisinier par exemple. Certains adultes Sinti ont appris à lire et écrire pour pouvoir passer le permis de conducteur de camions.
[14]             Schule ist wie der Beginn eines neuen Tages-L´école c´est comme l´aube  d´un nouveau jour.
[15]             Krause Mareile:Hamburger Modell-regionale Unterstützung des Schulbesuchs von Roma-und-Sinti-  
                                             Kindern  -Oktober 2006 Professeur à l´université de HH et à l´IL Institut für
                                             Lehrerfortbildung (IUFM de HH)
[16]             Knudsen Marco Rebus:Rased les enfants Roma et Sinti se retrouvent en grande majorité dans des écoles spécialisées Sonderschule-Förderschule ou dans des écoles „ghettos“ comme dans le quartier Wilhelmsburg. Knudsen Maco est enseignant spécialisé au REBUS.
[17]             Ville Ecole Intégration n° 115 Décembre 1998
[18]             Die Lehrerinnen und Lehrer dieser Muttersprachen stehen den Eltern  als Ansprechpartner zur Verfügung-Brochure de l´école primaire Sankt-pauli (=les enseignants des diverses langues sont aussi médiateurs et établissent le lien aux parents)
[19]             CLIS Classes d´Intégration scolaire
[20]             „Alle türkischen ,serbo.kroatischen und Romakinder erhalten nebem dem Deutschunterricht auch Unterricht in ihrer Erstsprache“  Brochure de l´école Carsten-Rehder-Str.
[21]             Karola une assoiciation pour aider les femmes Roms et Sintès dans leurs démarches administratives qui donne aussi des cours d´alphabétisation.
[22]   Sabine Ernst,directrice de Schaworalle Francfort/Main 26.3.02 après son voyage à Thessaloniki (2007)-visite des baraques Agia Sofia en Grèce.
 
[23]             Dire que les femmes sont rusées pour se procurer de l´argent de l´état et qu´elles connaissent leur droit ,c´est se placer dans la même idéologie qui les enferment dans le „ghetto et dans ce cercle vicieux:échec scolaire,la rue,la mendicité, l´aide sociale. Se poser la question de l´insertion professionnelle et de la formation  est un  grand pas vers l´autonomie, c´est aller plus loin et rompre ce cercle et ne plus les enfermer dans ce “cercle”
[24]             Schaworalle Jahresbericht 2005?
[25]             Le Romani est  une seule et même langue (de la Russie à la Grèce) dans laquelle les Roms peuvent communiquer entre eux.Depuis 1990 le Romani dispose d´une écriture commune.Dans certains pays comme la Roumanie il est enseigné à l´école et en France l´INALCO dispense une formation complète en langue et civilisation des Roms. Le mot Rom vient du sanskrit –siginife l´artisan  l´artitste celui qui crée de son esprit et de ses mains.
                Roumanie-le roumain vient de Rome 30 millions de Roumains ,c´est une langue néolatine. (Cf.Internet :la voix des rroms)
[26]             Dr Udo Engbring-Romang /traduction: le but est de garder les enfants dans des écoles „normales“, on y ajoute l´apprentissage de la langue romani (...) soutien pour avoir un niveau scolaire  standard.
[27]             Les Sintes sont les „Gitans“ allemands qui depuis 6 siècles résident en Allemagne centrale (La région de Hessen)
[28]             Lind Samson-médiateur roma undsinti union in hessen  -devant le journal hersfelder Zeitung du 5.12.2006
[29]             Engbring-Romang Udo: Zigeunerbilder in Schulen vient de paraître dans la région Hessen
[30]             Marburger Bausteine
[32]             Journée d´étude interrégionale.scoalrisation,éducation et familles d´origine gitane des quarteirs populaires „Norme(s) et Identité(s) Mercredi 4 Mars 2009
[33]             István Józsa:Geschichte und Gegenwart der Zigeuner in Deutschland und in Ungarn-Studienarbeit 2001
[34]             glorification du passé colonial dans les textes officiels- la colonisation a  des côtés positifs:la culture
[35]               Zimmermann Michael:Zigeunerpolitik im Stalinismus,im „realen Sozialismus“ und unter dem   Nationalsozialismus. Université Mannheim 1997
[36]             Krause Mareile:Verfolgung durch Erziehung  Hamburg 1991